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Bozizé dénonce la "mesquinerie" de ceux qui veulent l'écarter des élections

BANGUI, 21 sept (AFP)- 14h56 -Le chef de l'Etat centrafricain, le général François Bozizé, a dénoncé "la mesquinerie" de ceux qui veulent l'exclure de l'élection présidentielle prévue fin 2004, tout en refusant de dévoiler ses intentions, lors d'un entretien accordé dimanche à un journaliste de l'AFP.

A la tête d'un régime de transition associant tous les partis politiques, depuis son coup d'Etat du 15 mars contre le président Ange-Félix Patassé, M. Bozizé avait jusqu'alors assuré qu'il se retirerait après la transition, sauf si le peuple lui demandait ardemment de briguer la magistrature suprême.

A la question "Serez-vous candidat?", il a répondu: "La transition est importante pour l'avenir. Mieux vaut s'y consacrer totalement que de répondre à cette question par oui ou pas non, ce qui risquerait de déstabiliser la transition".

Des délégués au Dialogue national de réconciliation, qui se tient actuellement à Bangui, se sont prononcés pour le vote d'une recommandation qui interdirait à M. Bozizé et à son Premier ministre Abel Goumba d'être candidats à la présidentielle, pour garantir l'équité de cette consultation.

"Est-ce une question démocratique? Pourquoi vouloir écarter les uns et les autres, alors que nous ne sommes même pas en campagne électorale, que la Constitution n'est pas votée", a réagi M. Bozizé. "Voilà encore une preuve de la mesquinerie de certains politiciens. La démocratie, c'est la chose de tout le monde", a-t-il poursuivi.

Le président Bozizé, qui a quitté dimanche matin la RCA pour se rendre à l'Assemblée générale des Nations unies à New York, a par ailleurs annoncé le retour imminent à Bangui de l'ex-président André Kolingba, en exil depuis son putsch manqué de mai 2001 contre le président déchu Patassé.

"Il devait arriver vendredi. Mais compte tenu de mon voyage, j'ai souhaité qu'il vienne à mon retour, le 29 ou le 30 septembre. Je l'ai rétabli dans tous ses droits. C'est une preuve de bonne foi et de disponibilité. A lui maintenant de savoir saisir cette main tendue", a-t-il déclaré.

"Est-il capable d'ouvrir son coeur. N'a-t-il pas d'arrières pensées? Vient-il sincèrement contribuer à la reconstruction de la RCA qui a tant souffert", s'est-il toutefois interrogé.

Le président Bozizé a souligné qu'il plaiderait à New-York la cause de la RCA auprès du Secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, et de "personnalités américaines et européennes".

"Nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir au plan administratif et financier pour payer les salaires. La presse est libre. La démocratie de fait est là, mais il faut la soutenir", a-t-il dit, réclamant "à tout prix" une aide financière de la communauté internationale.

"Un peuple qui ne mange pas est à la merci de tous les caprices", a mis en garde la président centrafricain, reconnaissant les difficultés croissantes de son gouvernement à honorer sa promesse de payer chaque mois les salaires des fonctionnaires.

"Sans aide extérieure, notre effort ira par saccades. Nous le ressentons déjà actuellement. Notre gros problème, c'est l'argent", a-t-il admis.

M. Bozizé a souhaité que "le Centrafricain sorte mentalement transformé" du Dialogue national qui devrait s'achever "début octobre". "On veut reporter la faute de la situation actuelle sur les présidents Kolingba et Patassé alors que nous étions tous acteurs pendant cette période", a-t-il souligné.

"Il faut que nous voyions l'intérêt supérieur de la nation: le travail, l'harmonie, la paix, la réconciliation. et l'élimination des comportements négatifs comme la paresse, la destruction, les pillages", a ajouté M. Bozizé.

"Le salut passera par +le pays d'abord+, et non par +soi-même d'abord+. Tous les Centrafricains doivent en prendre conscience", a-t-il souhaité.

Le général Bozizé a enfin souligné que les recommandations du Dialogue national seraient appliquées, "après consensus, mais dans la mesure de nos possibilités". "On ne peut pas inventer le Ciel alors que nous n'avons pas de quoi acheter un morceau de viande pour manger", a-t-il conclu.


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