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Débat en Centrafrique: faut-il confier le Trésor public aux Français?

BANGUI, 30 sept (AFP) - 18h01 - Les délégués au Dialogue national centrafricain de réconciliation ont longuement débattu mardi à Bangui de l'opportunité de confier à des coopérants français la gestion des régies financières du pays, a constaté un journaliste de l'AFP.
Les participants à ces assises, censées mettre un terme aux crises politico-militaires à répétition qui déchirent la Centrafrique depuis 1996, ont adopté le rapport de la commission préparatoire Economie et finances. Mais ils n'ont pu s'accorder précisément sur le rôle que pourraient jouer des "conseillers techniques français" pour redresser des régies financières défaillantes et minées par la corruption.

La recommandation soumise à la session plénière du Dialogue national suggérait "le renforcement des capacités des régies financières: Douanes, Impôts, Trésor public, avec des "conseillers techniques français".

Mais le premier vice-président du Bureau du Dialogue national, le pasteur Josué Binoua, a proposé comme recommandation de "confier la direction des régies financières aux expatriés".

De nombreux délégués ont appuyé cette recommandation et souhaité qu'elle soit prise en compte par la Commission dans son rapport final. D'autres s'y sont opposés, invoquant la souveraineté de l'Etat.

"La RCA est un Etat souverain et elle ne peut déléguer une partie de cette souveraineté en confiant la gestion de ces régies financières aux expatriés", a relevé Enoch Dérant-Lakoué, président du Parti social démocrate, très applaudi.

Les partisans d'une mise sous tutelle totale des régies financières ont estimé que "les blancs" sauraient mieux braver que leurs collèges centrafricains les pressions de leur hiérarchie et des hommes politiques.

"Chassez les blancs, tous les blancs, même les militaires qui contribuent au retour de la paix en Centrafrique. Remplacez-les par vos hommes dits compétents, et vous verrez ce qui va arriver à notre pays, si ce n'est la catastrophe", a lancé un délégué.

"Beaucoup ont joui des vols, des détournements, des pillages, et lorsqu'il s'agit de mettre un terme à des pratiques pour harmoniser la gestion de la chose publique, elles s'y opposent. Nous disons +non+ et que cela finisse. Qu'on fasse venir les expatriés", a poursuivi ce délégué sous un tonnerre d'applaudissements.

Le président du Bureau du Dialogue national, le pasteur Isaac Zokoué, a finalement prié la commission Economie et Finances du Dialogue national de se réunir à nouveau pour discuter du point litigieux et trouver une formule consensuelle.

Confrontées à une économie ravagée et à la corruption, les régies financières centrafricaines ont un taux de recouvrement fiscalo-douanier extrêmement faible, entre 3 et 4% du PIB national.

Les gouvernements successifs de ce pays ont notamment échoué depuis plus d'une décennie à payer régulièrement les traitements des fonctionnaires qui cumulent jusqu'à 36 mois d'arriérés de salaires.


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