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Le Dialogue national fustige l'attitude des ex-présidents centrafricains

BANGUI, 4 oct (AFP) - 17h54 - Le Dialogue national centrafricain a fustigé samedi l'attitude des chefs d'Etats successifs depuis l'indépendance et recommandé qu'ils présentent leurs excuses au peuple, a constaté un journaliste de l'AFP.
Quelque 350 délégués participent depuis la mi-septembre à ces assises de réconciliation censées mettre un terme aux crises politico-militaires qui ont plongé ce pays pauvre d'Afrique centrale de 3,7 millions d'habitants au bord de l'abîme.

La Commission "vérité et réconciliation" du Dialogue national, a estimé dans son rapport que depuis la mort du père de l'indépendance, Barthélémy Boganda, en 1957, tous ses successeurs avaient ignoré ses idéaux de progrès et de développement.

Selon elle, les successeurs de M. Boganda ont brillé par "deux traits caractéristiques: l'absence d'un programme politique et la gestion clanique de la chose publique. Ce qui se traduit par une volonté affichée de ne pas rendre compte au peuple".

"Toutes ces politiques ont contribué à aggraver la misère du peuple au point de générer une perte de confiance totale aux dirigeants. La société centrafricaine, déchirée (...) n'a pas pu dégager un solide consensus autour des questions fondamentales de gouvernance", selon la commission.

Elle a émis une recommandations pour que les anciens chefs d'Etats demandent pardon au peuple centrafricain pour leurs errements.

David Dacko (1959-65) s'est vu reprocher une politique économique peu cohérente sur fond d'intimidation de ses adversaires politiques et l'instauration du parti unique, facteurs à l'origine d'un "marasme économique" et du "mécontentement populaire".

Jean-Bedel Bokassa (1966-79) a été accusé d'avoir bâillonné le peuple et de s'être accaparé toutes les richesses du pays, suscitant la contestation populaire, avant le bref retour au premier plan de M. Dacko (1979-81).

André Kolingba (1981-79) a été fortement critiqué pour avoir introduit une dimension ethnique et familiale dans la gestion de l'Etat, favorisant l'émergence d'une catégorie d'hommes politiques véreux faisant de leur fonction un fond de commerce.

Sous Ange-Félix Patassé (1993-2003), selon la commission, tous les maux dénoncés sous Kolingba ont connu une ampleur sans précédent: tribalisme, népotisme, corruption, mensonge, prédation, affairisme mafieux, terrorisme d'Etat, assassinats politiques.

Le général Bozizé n'es pas épargné. La commission "vérité et réconciliation" lui reproche une prise du pouvoir mal gérée ayant occasionné de nombreuses pertes en vies humaines, la destruction de biens et immeubles publics et privés, ainsi que de graves manquements aux droits de l'homme. Elle a également déploré un déséquilibre ethnique dans la gestion du pouvoir et une fragilisation du consensus.

"Toutes ces politiques ont contribué à aggraver la misère du peuple au point de générer une perte de confiance totale aux dirigeants. La société centrafricaine, déchirée (...) n'a pas pu dégager un solide consensus autour des questions fondamentales de gouvernance", selon la commission.

 

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