L'ancien président Kolingba "demande pardon" au peuple centrafricain BANGUI, 6 oct (AFP) - 18h54 - L'ex-président centrafricain, André Kolingba (1981-93), a demandé lundi publiquement "pardon" aux Centrafricains pour les souffrances endurées pendant et après sa présidence, devant les délégués du Dialogue national de réconciliation, a constaté l'APP. "Je demande solennellement pardon à tous pour les actes que j'aurais posés et qui auraient causé du tort injustement à mes compatriotes au cours des 12 années durant lesquelles j'ai eu à assumer les plus hautes charges de l'Etat", a déclaré M. Kolingba, 67 ans. "Je demande solennellement pardon à tous ces compatriotes qui ont été victimes de violence, qui ont été privés de leur liberté, qui ont perdu des êtres chers, qui ont vu leurs habitations et leurs biens pillés, détruits, qui ont été contraints à l'exil à l'étranger durant des années à cause de mon nom", a-t-il ajouté. André Kolingba s'exprimait au lendemain de son retour à Bangui, après 28 mois d'exil passés en Ouganda depuis son putsch manqué du 28 mai 2001 contre le président déchu Ange-Félix Patassé. M. Patassé, exilé au Togo, a été renversé le 15 mars dernier par son ancien chef d'état-major, le général François Bozizé, qui dirige depuis un régime de transition associant tous les partis politiques. Le général Kolingba a fait observer une minute de silence à la mémoire des victimes des événements survenus pendant et après son putsch manqué de mai 2001, avant de prononcer une déclaration entrecoupée d'ovations des délégués du Dialogue national. Depuis la mi-septembre, 350 délégués issus de toutes les couches socio-politiques du pays participent à ces assises censées mettre un terme aux divisions qui ont plongé ce pays pauvre d'Afrique centrale dans un cycle de crises politico-militaires depuis 1996. "Beaucoup de sang de personnes innocentes a coulé à la suite de ces événements. J'ai toujours été tourmenté par toutes ces souffrances et je continue de l'être", a poursuivi M. Kolingba. Il a regretté qu'"à cause de mon nom", des dizaines de milliers de compatriotes" aient connu "les plus pires martyrs", lors de la répression de cette tentative qui avait conduit au moins 20.000 Centrafricains à se réfugier vers les deux Congo voisins. "Je sais que beaucoup de centrafricains ont été perturbés par mes déclarations" revendiquant cette tentative, a-t-il souligné. "J'ai été traité de tous les noms. A leur place, j'aurai réagi de la même manière. J'assume l'entière responsabilité morale de mes déclarations", a-t-il poursuivi. Le général Kolingba a également demandé "tout particulièrement pardon à mon prédécesseur et aîné", David Dacko, qu'il avait renversé en 1981, et "à mon frère François Bozizé, président de la République, chef de l'Etat". Sous sa présidence, André Kolingba avait fait emprisonner le général Bozizé de 1989 à 1991. © 2003 AFP. Tous droits de reproduction et de représentation réservés. |