COMITE PREPARATOIRE DES TRAVAUX DE LA CONFERENCE
DE RECONCILIATION NATIONALE |
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REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE Unité - Dignité - Travail |
CONFERENCE DE RECONCILIATION NATIONALE DU 26 FEVRIER AU 5 MARS 1998
LE DIAGNOSTIC DE LA SITUATION DE L'EMPLOI ET DE LA SECURITE SOCIALE
Le mot « Emploi » est défini dans le sens large comme l'ensemble des activités économiques d'une société, tout ce qui touche à la façon dont les gens gagnent leur vie, mais également aux relations sociales et aux règies de comportement qui forment le cadre du processus économique. (4) Le droit au travail est un droit fondamental de l'homme inscrit notamment dans la déclaration des droits de l'homme et du citoyen du 26 Août 1789 (art. 6). Aujourd'hui, ce droit est devenu une préoccupation quotidienne de tous les États civilisés et de tous les citoyens de la planète à cause du manque d'emplois, des effectifs de plus en plus débordants des diplômés et de la récession économique. Notre pays, la République Centrafricaine est confrontée depuis quelques années au problème ahurissant de chômage et à une crise généralisée de l'emploi aussi bien dans le secteur public que privé. Ce problème de l'emploi remonte au début des années 1960. En effet, au moment de l'accession de notre pays à la souveraineté nationale, il n'y avait aucune planification de ressources humaines et de l'emploi : on formait pour former. Or la planification des ressources humaines signifie prévoir dans le présent des potentialités humaines pour le développement économique futur et la planification de l'emploi consiste à former et prévoir des ressources humaines pour les exigences économiques de l'heure. Cette situation préoccupait peu les nouvelles autorités qui avaient besoin de cadres pour assurer le fonctionnement de l'administration et des institutions de l'État. Ainsi, le gouvernement octroyait systématiquement des bourses d'études et de formation a tous ceux qui désiraient poursuivre les études supérieures. Toutefois, il faisait obligation aux bénéficiaires de ces bourses de revenir travailler au pays en contrepartie pour le compte de l'État pendant dix ans au moins. C'est ce qu'on appelait le « contrat décennal ». Mais à partir de 1983, le Comité Militaire de Redressement National (CMRN) fut obligé d'abroger le fameux contrat décennal à cause de l'engorgement ou de la saturation de la fonction publique. D'où la crise de l'emploi. Cette crise touche plus particulièrement la jeunesse en tant que couche sociale la plus faible et inexpérimentée mais aussi la plus sensible aux crises de société. Bien que les hommes aux commandes de l'État passent et repassent, bien que les régimes politiques n'ont cessé de changer depuis l'indépendance jusqu'à ce jour, bien que des stratégies sur stratégies ont été mises au point pour combattre cette crise, la situation ne s'est guère améliorée. Bien au contraire depuis l'avènement du régime démocratique en 1993, la situation de l'emploi en République Centrafricaine est devenue critique, complexe et déprimante et ce, aussi bien dans les secteurs publics que privés. Ce phénomène est nettement remarquable lorsqu'on fait la balance entre les offres et les demandes d'emplois, surtout en considérant la période allant de 1993 à 1997. Ce déséquilibre fait ressortir un important dépassement des demandes sur les offres. A titre illustratif, il a été enregistré entre 1988 et 1995 un total de 61.261 demandeurs d'emploi au niveau de l'Office National de la Main d'Oeuvre (ONMO). EMPLOI
Source: Office National de la Main d'Oeuvre (ONMO) Cette situation est dûe, d'une part, aux facteurs exogènes tels que la difficile conjoncture économique internationale actuelle et d'autre part, aux facteurs endogènes que nous pouvons résumer aux points suivants : * mauvaise gestion de la chose publique * absence d'une véritable politique en matière d'emploi et de la formation professionnelle * insuffisance des moyens matériels et humains susceptibles de garantir l'élaboration et l'exécution d'une politique adéquate d'emploi * le report de la date de départ à la retraite de certains fonctionnaires sur des bases partisanes, tribales ou ethniques constitue un blocage à la possibilité d'intégration des jeunes diplômés compétents * la reprise dans la fonction publique de certains retraités et de certains fonctionnaires ayant bénéficiés du Programme de Départ Volontaire Assisté comme on a constaté au cours des trois dernières années, constitue également un obstacle majeur a l'intégration des jeunes * la carence d'institutions de formation professionnelle * l'inadéquation formation-emploi résultant des anciennes stratégies du système éducatif de l'enseignement classique fondé sur l'adéquation éducation-formation * arrivée massive sur le marché de l'emploi des travailleurs immigrants et des réfugiés Tchadiens, Rwandais, Zaïrois et Soudanais * accès limité des femmes à l'emploi du fait notamment de la méfiance des patrons pour les cas de grossesse, maladies post-natales, maladies des enfants ou du conjoint * la fermeture de nombreuses entreprises utilisatrices de forte main-d'oeuvre a entraîné la diminution considérable des travailleurs dans le secteur moderne ainsi que l'accroissement constant du niveau du chômage et de sous emploi * absence d'esprit d'initiative et de l'entreprenariat chez les Centrafricains.
(4) B.I.T. Etudes et documents, nouvelles séries, n°53, Genève 1959 p. 48-49 |