Ne laissons pas Tomber notre Pays

RAPPORT GENERAL

Introduction
Diagnostic
Recommandations
Mécanisme de Suivi

 

DIAGNOSTIC

 

 

1.1. Vérité et Réconciliation

Tous les régimes politiques qui se sont succédés, à savoir DACKO I de 1959 à 1965 ; Bokassa de 1966 à 1979 ; DACKO II de 1979 à 1981 ; KOLINGBA de 1981 à 1993 et PATASSE de 1993 à 2003 ; ont eu en commun deux traits caractéristiques quelque soit leur mode d’accession au pouvoir : l’absence de vision globale en matière de programme politique et la gestion clanique de la chose publique.

Les attitudes et comportements des dirigeants de chaque régime ont été identifiés comme les causes spécifiques de la situation catastrophique de la République Centrafricaine.

Pour sonder de manière approfondie cette période de l’histoire de la République Centrafricaine, certains acteurs, victimes et témoins de tous les événements ont été entendus.

Après avoir, pour la plupart, reconnu leur responsabilité par rapport aux faits qui ont conduit le pays à la situation désastreuse dans laquelle il se trouve, les acteurs ont demandé pardon au peuple Centrafricain. De même, les victimes des exactions diverses, après avoir présenté les faits, ont pardonné à ceux qui leur ont causé du tort. Quant aux témoins, ils ont délivré des messages qui ont permis à l’auditoire de mieux s’imprégner de l’histoire de la République Centrafricaine.

Par ailleurs, les hauts responsables politiques et administratifs, notamment le Premier Ministre Abel GOUMBA, les anciens Présidents André KOLINGBA et David DACKO et le Président François BOZIZE ont tour à tour délivré un message de pardon et de paix.

Le Premier Ministre Abel GOUMBA et l’ancien Président David DACKO ont saisi cette occasion pour affirmer leur réconciliation véritable matérialisée par une chaleureuse accolade devant l’Assemblée plénière du Dialogue national.

     
1.2. Politique et Diplomatie
     

1.2.1. Sur le plan politique.

La vie politique de la République Centrafricaine est marquée, depuis les indépendances, par la confiscation du pouvoir et le non respect de l’alternance politique. Le pays a été dirigé par un régime présidentialiste qui conférait la plénitude du pouvoir exécutif au Président de la République, Chef de l’Etat avec un Premier Ministre qui tirait l’essentiel de ses pouvoirs de la délégation du Président de la République et qui était comptable de sa gestion à la fois devant le Président de la République et devant l’Assemblée Nationale. Un tel régime générait des conséquences politiques inéquitables parce qu’il mettait à l’abri le Président de la République

Si l’animation de la vie politique nécessite une participation organisée des citoyens, les dérives auxquelles l’on a assisté au cours des années écoulées, créent une certaine inquiétude quant à la crédibilité et la représentativité des formations politiques.

Pour une population d’environ 3,5 millions habitants, les partis politiques sont au nombre de 42. C’est à cause de ce nombre pléthorique que les questions d’intérêt national sont noyées dans des considérations ethniques et régionalistes qui mettent en danger l’unité nationale.

Tout porte à croire que les partis politiques se forment autour des affinités ethniques, sinon familiales, sans réelle idéologie politique, sans projet de société. Par ailleurs, ils manquent de ressources pour leur fonctionnement ; ce qui les oblige parfois à nouer des alliances de circonstance pour subsister.

Les Interventions convergentes au cours des débats sur le Code électoral ont permis de relever que la loi n°98.004 du 27 mars 1998, modifiée par la loi n°99.015 du 1er juillet 1999 portant Code électoral comporte des dispositions non conformes à la Constitution (conditions d’éligibilité prévues par le code électoral différentes de celles prévues par la Constitution).

Sur le plan de la Justice, depuis la réforme Constitutionnelle de 1995, l’organisation judiciaire est renforcée par la dotation à l’Administration de la Justice de textes nécessaires à l’accomplissement de sa mission. Mais beaucoup de critiques sont formulées contre l’institution judiciaire en ce qui concerne la qualité des services rendus aux justiciables, l’objectivité dans certaines décisions, l’indépendance du pouvoir judiciaire et le comportement des acteurs de la Justice.

Dans le domaine des Droits de l’Homme, il existe des mécanismes juridictionnels et non-juridictionnels sur le plan national pour assurer la protection et le respect des principes consacrés comme bases fondamentales de la société. Mais le constat de tous les jours ne met pas la République Centrafricaine à l’abri des violations des droits de l’homme. Des insuffisances remarquables sont relevées quant à ce qui concerne la non-ratification des textes internationaux de base relatifs à la protection des droits de l’homme.

Concernant la Bonne Gouvernance il a été déploré que la mission de l’Administration centrafricaine a été le plus souvent guidée par des objectifs mal définis. La politisation et la tribalisation de l’Administration sont des obstacles à son efficacité et à une bonne gestion des affaires de l’Etat. Les tares les plus pernicieuses s’affichent par un laxisme chronique, une corruption à tous les niveaux de l’Administration publique, le non-respect des horaires de travail qui se traduisent par un très faible rendement. L’autorité de l’Etat est brisée par le comportement même de ceux qui sont chargés de la rehausser.

Pour ce qui est de la liberté de la presse, la Communication demeure l’un des secteurs qui connaît une évolution très difficile tant au niveau des supports et des structures de diffusion que des ressources engagées. Malgré l’émergence des radios privées, les média sont confrontés à de nombreuses difficultés. Le libre accès des partis politiques aux médias d’Etat n’est pas garanti.

Sur le plan institutionnel, le Gouvernement a fait adopter le 14 janvier 2003, deux (02) lois, la loi n°03.002 relative à la liberté de la presse et la loi n°03.003 portant création, organisation et fonctionnement du Haut Conseil de la Communication pour mieux organiser l’espace communicationnel.

La loi relative à la liberté de la presse comporte des dispositions très répressives réduisant totalement la liberté professionnelle des communicateurs.

En outre, il a été relevé le manque de professionnalisme de la part des Journalistes de la presse privée indépendante.

       

1.2.2. Sur le plan diplomatique

Depuis plus d’une dizaine d’années, la République Centrafricaine n’est connue sur le plan international que par les crises politico-militaires. Son image à l’extérieur reste épouvantable, elle est complètement absente au plan diplomatique.

Les problèmes suivants ont été identifiés :

- les nominations dans les fonctions diplomatiques ne reposant pas sur les critères de compétence ;
- l’abandon des Conférences annuelles des Ambassadeurs ;
- le manque de directives ayant conduit à une diplomatie hasardeuse ;
- la sous-représentation des Centrafricains dans les Organisations Internationales.

       
1.3. Défense nationale et Sécurité

Le problème de la Défense Nationale et de Sécurité se justifie par le fait que la création de conditions de sécurité sur toute l’étendue du territoire, constitue un préalable incontournable au Développement humain et durable de la République Centrafricaine. Sans la sécurité, les efforts en faveur de la consolidation des institutions démocratiques, de réforme de l’économie et de lutte contre la pauvreté resteront vains.

De manière générale, il a été reconnu que les crises récurrentes qui ont secoué le pays, ces dernières années, ont été avant tout l’expression d’un malaise qui trouve en partie son origine dans les carences structurelles et fonctionnelles des Forces de Défense et de Sécurité.

   

1.3.1. Visage de l’insécurité en Centrafrique

Il a été identifié deux (2) types de menaces qui forment le visage de l’insécurité à savoir : les menaces intérieures et les menaces extérieures.

Comme menaces intérieures, on a noté :

- le phénomène des Zaraguinas ou coupeurs de route ;
- les exactions des Braconniers ;
- la présence opérationnelle des Forces non conventionnelles ;
- la circulation frauduleuse des armes.

En ce qui concerne les menaces extérieures, il a été établi que :

- à la frontière Nord, le pays subit des effets néfastes de la circulation d’armes de guerre ;
- à la frontière Est, la rébellion du Sud Soudan de John GARANG braconne à l’intérieur du territoire national ;
- à la frontière Sud, les voyageurs sont victimes des attaques et rackets de la part des éléments de Jean-Pierre BEMBA.

1.3.2. Situation des Forces de Défense et de Sécurité

Le Dialogue a identifié des carences qui rendent les Forces de Défense et de Sécurité incapables d’assumer leurs missions à savoir :

- Le recrutement anarchique dans les Forces de Défense et de Sécurité ;

- L’absence de formation de base ;

- Le sous-équipement et la démotivation des hommes de rang ;

- L’absence des casernes ;

- La disparition de l’Ecole Spéciale de Formation des Officiers d’Active (ESFOA) et la fermeture d’autres Centres similaires ;

- La politisation des Forces de Défense et de Sécurité ;

- Le recours aux Forces non Conventionnelles.

 
     
1.4. Economie et Finances
       
   

1.4.1 Sur le plan de l’économie

L’analyse des secteurs réels de l’économie a dénoté :

- l’absence d’une vision stratégique des dirigeants pour lutter efficacement contre la pauvreté et jeter les bases d’un développement humain durable ;

- l’insuffisante crédibilité des autorités de l’Etat et la faiblesse de leur capacité à négocier avec les partenaires au développement en vue de mobiliser les ressources extérieures nécessaires ;

- la faiblesse de l’autorité de l’Etat, le laxisme et la démission devant certaines responsabilités qui entraînent l’impunité, l’abandon de certaines régions du pays et de certaines ressources aux mains des prédateurs qui ne respectent pas les lois ;

- l’incapacité du pays à concevoir et à mettre en œuvre une stratégie résolument ambitieuse tenant compte des avantages comparatifs, basée sur la diversification et la modernisation de l’Agriculture et de l’élevage, l’exploitation moderne et rationnelle du sous-sol, des forêts, des réserves fauniques et touristiques, la promotion du secteur privé national et de l’investissement direct étranger ;

- l’absence d’une politique et d’une stratégie adaptées constitue un dénominateur commun de la faiblesse de tous les secteurs réels de l’économie nationale et se traduit par une absence totale de vision programmatique.

1.4.2. Sur le plan des Finances publiques

Les finances publiques sont caractérisées par :
- l’insuffisance notoire des recettes budgétaires due en grande partie à la corruption et aux détournements qui demeurent souvent impunis ;

- le dysfonctionnement des activités des régies financières (Douanes, Impôts et Trésor) ;

- la mauvaise gestion des dépenses publiques au mépris des règles de comptabilité publique ;

- la faiblesse sinon l’inexistence des contrôles internes et externes ;

- des déficits budgétaires chroniques sur la base engagement et sur la base caisse ;

- l’insuffisance de personnel qualifié dans les Services financiers ;

- l’insuffisance et l’inadéquation des instruments de travail ;

- le non respect du principe de l’unicité de caisse.

Il a aussi été noté l’importance de la dette publique intérieure et extérieure de même que la mauvaise gestion de l’aide au développement.

 
       
1.5. Social
       
   

1.5.1. Sur le plan de l’Education

La situation de l’éducation est demeurée chaotique et se traduit par une totale déstructuration du système et des handicaps en tous genres auxquels s’ajoute une inadéquation totale de la formation-emploi, aggravant le chômage des jeunes diplômés.

1.5.2. sur le plan du Civisme

Les manifestations et comportements pervers de tous les jours permettent d’établir le triste constat d’un manque de civisme à tous les niveaux : Autorités Politiques et Administratives de l’Etat, fonctionnaires et agents de l’Etat, population civile et militaire. Les caractéristiques de la perversité de cette société sont, entre autres, le gain facile, le manque de respect du bien public, l’esprit de la négation de l’Etat, la dérive morale généralisée.

1.5.3. Concernant les Salaires, bourses, pensions, vacations, primes de Départ Volontaire Assisté (DVA) et les allocations dues par l’Office Centrafricain de Sécurité Sociale (OCSS)

L’incapacité de l’Etat à assurer ses charges de souveraineté et l’accumulation chronique des obligations non honorées vis-à-vis des ayants-droits ont engendré un malaise social perceptible, et ont généré des crises récurrentes dont les effets sont dévastateurs. A cela s’ajoutent le blocage des salaires et une inflation galopante renchérissant les produits de première nécessité et les produits manufacturés.

1.5.4. Concernant la législation du travail

Le code du travail, les conventions collectives, le Statut général de la fonction publique et certains textes législatifs relatifs à l’emploi sont devenus inadaptés.

1.5.5.Sur le plan de la santé

Dans ce domaine, il persiste de nombreux problèmes :

- l’insuffisance et la vétusté des infrastructures et des équipements ;

- la faiblesse des ressources humaines et financières ;

- la mauvaise organisation des services de santé ;

- la vente illicite des produits pharmaceutiques.

1.5.6.Concernant le VIH/SIDA

La RCA est le dixième pays le plus touché au monde avec un taux de séroprévalence nationale de 13,84%.

La situation est particulièrement dramatique du fait que toutes les tranches d’âge et toutes les couches sociales sont touchées par cette pandémie.

1.5.7. Sur le plan de la sécurité alimentaire :

La sécurité alimentaire reste toujours un problème en dépit de l’immensité et la fertilité du sol, la multitude des cours d’eau et autres facteurs géologiques favorables. Cette situation est aggravée par les récentes violences militaro-politiques et la faiblesse structurelle de la production.

1.5.8. Sur le plan de l’Habitat, de l’urbanisme et de l’assainissement

L’absence de la politique de l’habitat et le coût très élevé des matériaux de construction ne permettent pas de construire des habitations modernes.

Il a été noté des problèmes d’urbanisation et d’assainissement liés aux faits suivants :

- l’absence d’un système cohérent de ramassage des ordures ménagères ;

- la construction anarchique de latrines ;

- l’inexistence de latrines publiques ;

- les inhumations clandestines dans les agglomérations ;

- le dysfonctionnement des services d’hygiène et d’assainissement.

1.5.9.Sur le plan de la culture

Depuis l’indépendance, la culture est demeurée un domaine marginalisé dans les divers plans de développement économique et social et le manque de définition d’une politique culturelle cohérente et hardie y a lourdement contribué.

Les peuples autochtones, notamment les Pygmées et les Mbororos, sont souvent marginalisés par les autres populations. Généralement mal organisés, ils sont les victimes faciles d’abus divers.

1.5.10. Concernant la Jeunesse et les Sports

La jeunesse centrafricaine vit une crise multidimensionnelle caractérisée par la pauvreté, le chômage, l’oisiveté, la prostitution, l’analphabétisme, la drogue, les maladies et la violence. Les difficultés économiques, structurelles et conjoncturelles ajoutées à la désorganisation de l’Etat sont à l’origine de cette crise qui réduit considérablement les initiatives et les espoirs de toute une jeunesse. L’absence d’une politique réelle en faveur des jeunes les marginalise et les rend encore plus vulnérables ; d’où le phénomène des enfants de rue

Sur le plan sportif, la République Centrafricaine a connu une période de gloire ; mais, depuis quelques années, les athlètes affichent des faiblesses.

 
       

Retour